Et si Christian Louboutin n’avait pas colorié les semelles de ses chaussures ?

Et si Christian Louboutin n'avait pas colorié les semelles de ses chaussures ?

Depuis 2000, le 26 avril est la journée mondiale de la propriété intellectuelle (PI). Cette journée a pour objectifs de sensibiliser les acteurs économiques sur l’importance des droits de PI. Dans un monde globalisé, ce sont les droits de PI qui encouragent la créativité et l’innovation. En effet, dans un contexte où la compétitivité est désormais à l’échelle mondiale, la protection et la valorisation de la PI sont indispensables pour les entreprises.

Nécessité de convertir les investissements de recherche et développement en droits de PI

Il y a quelques années encore, les entreprises déposaient peu de brevets pour protéger leurs innovations et beaucoup d’entre elles misaient sur le secret. Michelin, par exemple, gardait ses recettes de fabrication confidentielles. Toutefois, en s’ouvrant sur le monde, notamment en s’implantant en Chine et au Brésil, l’entreprise française s’est rendu compte qu’elle ne pouvait plus garder ses secrets d’affaires et que la meilleure solution était d’utiliser les outils de PI pour se protéger.

Pascal Faure, Directeur général de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), explique que « la propriété industrielle constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour les entreprises » et rappelle, à travers la devise ambitieuse du plan stratégique « La propriété intellectuelle pour dynamiser notre économie » de l’Institut, que « l’objectif principal est d’accroître la compétitivité de la France grâce à l’innovation. »

Sans la propriété intellectuelle, bon nombre de projets novateurs ne seraient pas rentables, car n’importe qui pourrait simplement en copier les résultats.

Alors qu’il se trouvait en Italie, au début des années 90, Christian Louboutin a l’idée qui deviendra par la suite la marque de fabrique de ses chaussures : colorier une semelle de chaussure avec le vernis à ongles rouge de son assistante. Protégée par des droits de propriété intellectuelle, cette caractéristique est aujourd’hui devenue l’élément clef de la marque Louboutin à travers le monde.

En plus de permettre d’asseoir sa notoriété ou de s’ouvrir sur d’autres marchés dans le monde, la propriété intellectuelle permet d’agir efficacement contre les contrefacteurs et le cas Louboutin en est l’exemple parfait.

Elaborer une stratégie de PI

Dès qu’un nouveau produit connait du succès sur le marché, il est fréquent que la concurrence veuille suivre la tendance et fabriquer des produits semblables, voire identiques.

En 2012, par exemple, la société néerlandaise Van Haren commercialisait des chaussures avec des semelles rouges. Louboutin initie une action en contrefaçon. En juin 2018, les juges européens ont tranché : Louboutin gagne son procès aux Pays-Bas et sa marque en ressort renforcée, puisqu’ils reconnaissent l’exclusivité des semelles rouges du chausseur Christian Louboutin.

Une entreprise pourra se constituer des droits de PI pour s’assurer d’être la seule à offrir une caractéristique technique particulière ou des caractéristiques liées à l’apparence du produit, comme la semelle rouge des souliers Louboutin.

Ainsi, lorsqu’une entreprise crée un nouveau produit, il faut qu’elle fasse le point sur l’état de la technique pour ne pas réinventer ce qui existe déjà et s’assure de ne reprendre aucun élément d’une marque déjà déposée. La propriété intellectuelle permet donc aux créateurs d’évaluer le caractère novateur de leurs produits et les encourage à chercher des innovations toujours plus créatives.

Le « cercle vertueux » de la PI

La propriété intellectuelle est présente dans le quotidien de chacun et c’est pourquoi il est essentiel que les managers et les dirigeants soient sensibilisés à la PI et en assimilent les bases, de manière à pouvoir en bénéficier pleinement.

Il faut comprendre la nécessité de convertir les investissements de recherche et développement (R&D) en droits de PI, les types de droits de PI, comme les brevets, les modèles d’utilité, les marques, les droits d’auteurs, les dessins et modèles, ou encore les secrets d’affaires.

Il existe un « cercle vertueux » selon lequel les investissements en R&D se traduisent en emplois, grâce à l’innovation, et procurent des positions avantageuses par rapport à la concurrence et, in fine, concourent à la réussite économique.

Par Anne DESMOUSSEAUX, Avocat

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